La VAE : une opportunité incroyable pour les cabinets d’expertise comptable et de commissariat aux comptes


Quel intérêt présente la validation des acquis de l’expérience (VAE) pour les cabinets comptables et leurs collaborateurs ? Voici le point de vue d’Alain Burlaud (*), diplômé d’expertise comptable et ancien directeur de l’institut national des techniques économiques et comptables (Intec).


VAE : sigle barbare, gadget ou véritable outil de gestion des compétences ? C’est évidemment aujourd’hui un outil essentiel de la GRH. Encore faut-il le démontrer.


L’employeur raisonne en termes de compétences professionnelles. Les salariés raisonnent en termes de diplômes : un diplôme ouvre l’accès à une fonction et situe dans la grille salariale.
La « validation des acquis de l’expérience » (VAE) rapproche les deux points de vue en mettant en correspondance la compétence professionnelle et le diplôme.


Voyons ce qu’est concrètement la VAE : de quoi s’agit-il ? pourquoi ? comment ?


1/ Qu’est-ce que la VAE ?


La VAE fut introduite en France par la « Loi de modernisation sociale » du 17/1/2002 [Loi n° 2002-73, JO du 18/1/2002] et concerne tous les diplômes. Pour ce qui est des métiers de la comptabilité, elle fut introduite dans le diplôme de comptabilité et de gestion (DCG) et le diplôme supérieur de comptabilité et de gestion (DSCG) par le texte fondateur de ces diplômes [art. 4 et 8 du décret n° 2006-1706 du 22/12/2006, JO du 29/12/2006] et dans le diplôme d’expertise comptable (DEC) par le texte modifiant ce diplôme [art. 4 du décret n° 2009-1789du 30/12/2009, JO du 1/1/2010].


Ces trois diplômes, organisés en unités d’enseignement capitalisables, peuvent être obtenus par trois voies pouvant se combiner :
- la réussite aux différentes épreuves écrites ou orales ;
- les dispenses d’épreuves lorsque le candidat est déjà titulaire de certains autres diplômes ;
- la VAE lorsque le candidat peut se prévaloir d’une expérience professionnelle d’au moins trois ans.


Quel que soit le mode d’obtention des unités d’enseignement, le diplôme délivré est strictement identique. Seul le relevé de notes indique le mode d’obtention des unités d’enseignement.


La VAE n’est pas une voie de contournement de l’examen réservée aux « mauvais élèves » mais une évaluation par le jury de l’expérience professionnelle du candidat qui doit apporter la preuve de sa compétence sur la base d’un descriptif de ses travaux, de pièces justificatives et, le cas échéant, d’un entretien avec le jury. Les critères d’évaluation sont formalisés et connus grâce à un référentiel de compétences préparé par la profession, l’ordre des experts-comptables et la compagnie des commissaires aux comptes, et le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche.


Sur la base de ce dossier et de l’entretien, le jury peut décerner au candidat tout ou partie du diplôme. Dans le cas d’une validation partielle, cas le plus fréquent, le candidat doit acquérir les unités d’enseignement manquantes par l’une et/ou l’autre des deux autres voies : examen ou dispenses.


Exemple : un candidat titulaire du BTS « Comptabilité et gestion des organisations » est dispensé de ce fait des épreuves n° 1, 5, 6, 8, 9 et 13 du DCG. Si, par ailleurs, il a travaillé plus de trois ans dans un cabinet et réalisé des missions de fiscalité et de comptabilité de bon niveau, il pourra valider, sur la base de son expérience, les épreuves n° 4 « Fiscalité » et n° 10 « Comptabilité approfondie ». Il ne lui reste donc plus que 5 épreuves sur un total de 13 à préparer et à passer.


2/ Pourquoi utiliser le dispositif VAE ?


N’est-il pas plus simple de passer les épreuves ?


2.1/ Le point de vue du salarié.


Il existe aujourd’hui bien des façons de préparer et de réussir les épreuves du DCG ou du DSCG parallèlement à une activité professionnelle, dont les préparations à distance de l’Intec (cf. : www.intec.cnam.fr). Mais il est plus difficile de se lancer dans une reprise d’études après plusieurs années d’interruption que de passer des examens sur la lancée de sa vie étudiante.


De plus, faire le bilan de ses compétences après quelques années d’activité professionnelle ou même à mi-parcours est un moyen très efficace de se poser de bonnes questions sur son avenir professionnel, de « sortir la tête du guidon », de prendre conscience, à partir du référentiel de compétences, des progrès qui peuvent être réalisés. Avoir un référentiel, faire un bilan et faire des prévisions, quoi de plus naturel pour un professionnel de la comptabilité ! De plus une nouvelle expérience peut faire l’objet d’une VAE ultérieure et compléter ainsi le diplôme.


Le financement peut aussi être pris en charge par Pôle emploi pour les demandeurs d’emploi.


La VAE est donc un stimulus important au service d’une saine ambition professionnelle, gage de dynamisme et de progrès.


2.2/ Point de vue de l’employeur.


L’employeur cherche bien évidemment à fidéliser ses meilleurs collaborateurs et dispose de divers moyens pour le faire. Nous savons que le turn over coûte cher.


L’un de ces moyens est une meilleure mise en valeur du potentiel de développement du cabinet que représentent ces collaborateurs. Les faire progresser, faire valider par une instance indépendante leurs compétences, permet d’améliorer la qualité des services offerts aux clients, de diversifier cette offre et de promouvoir des services à plus forte valeur ajoutée.


Comment opérationnaliser la VAE ?


3/ Comment fonctionne la VAE ?


L’idéal est évidemment que l’employeur et le salarié, qui y trouvent un avantage mutuel, coopèrent. L’employeur peut aider son collaborateur dans sa démarche en fournissant les attestations et documents dont ce dernier aura besoin pour étayer son dossier et en finançant l’accompagnement (cf. ci-dessous).


La démarche comporte trois étapes.


3.1/ Remise du livret 1.


Il peut être téléchargé sur le site du Service inter-académique des examens et concours (SIEC : www.siec.education.fr). Ce document permet d’apprécier la recevabilité de la demande et notamment la durée de l’expérience professionnelle qui doit être d’au moins trois ans, sans aborder le fond, c’est-à-dire la conformité de cette expérience au référentiel de compétence. Le dossier doit être déposé au rectorat du domicile du candidat.


3.2/ Remise du livret 2.


Il peut également être téléchargé sur le site du SIEC, accompagné de ses annexes (un référentiel de compétences par unité d’enseignement permettant au candidat de faire un véritable « état de rapprochement »). L’ensemble de ces documents permettra au jury de se prononcer sur le fond.


La qualité et la rigueur de ce travail sont évidemment déterminants. Les candidats peuvent se faire conseiller par des spécialistes de la VAE dans le cadre de la procédure d’accompagnement individuel ou collectif (contacter à ce sujet l’Intec). Le financement peut être assuré par le budget de formation continue de l’employeur ou par un OPCA.


Le dossier n° 2, ses annexes et les pièces justificatives doivent être déposés au rectorat du domicile du candidat selon un calendrier publié par le SIEC.


3.3/ Entretien du candidat avec le jury.


L’entretien n’est pas obligatoire sauf s’il est demandé par le jury, ce qui est généralement le cas, ou demandé par le candidat. Ce n’est pas un examen oral sur la discipline concernée par la demande mais un contrôle des compétences professionnelles.


Conclusion.


La VAE a été mise ne place pour la première fois pour le DCG et le DSCG en 2011 et le sera pour le DEC probablement en 2013. Mais la VAE a déjà été bien rodée à l’Intec pour ses propres diplômes qui dispensent du DCG et de cinq des sept épreuves du DSCG.


La VAE est au service d’une ambition professionnelle fondée sur la compétence pour les salariés et d’une politique de développement des compétences du cabinet pour les employeurs. Il s’agit donc d’un véritable levier de GRH que la profession comptable doit s’approprier pour elle-même et pour ses clients.


Alain Burlaud


Référence bibliographique


Jean-Michel NICOLLE : Valider les diplômes de l’expertise comptable. Editions Foucher, 2008, 128 p.


Article publié dans le journal électronique « actuel-expert-comptable » à l’adresse :


http://www.actuel-expert-comptable.fr/comptabilite-fiscal-social-entreprise/vos-chroniques/c-148987/la-vae-une-opportunite-exceptionnelle-pour-les-cabinets-d-expertise-comptable-et-de-commissariat-aux-comptes.html


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